IA et communication responsable, tout un programme ! ChatGPT et autres agents conversationnels ont fait couler beaucoup d’encre au cours de l’année qui s’achève. Et pour cause : ils constituent une petite révolution dans le monde de la création de contenus, notamment de contenus rédactionnels. L’utilisation de ces outils est-elle compatible avec la communication responsable et les enjeux auxquels nous devons faire face ?
IA : une aide pour la rédaction
Pour obtenir un texte de qualité avec l’IA, le prompt fourni doit être précis et structuré. Il est d’ailleurs intéressant de procéder à des tests en variant le contenu des demandes sur un même sujet ; cela permet de comparer les résultats obtenus et d’affiner sa technique. J’ai déjà fait part de mes observations à ce sujet dans l’un de mes articles de blog. Sans vouloir entrer dans les détails, ChatGPT – prenons cet outil-là puisqu’il est le plus répandu – peut être d’une grande aide pour l’écriture de certains types de contenus, à la condition que nos instructions soient correctement formulées, ce qui demande de la pratique et du temps.
IA et communication responsable : les techniques d’élaboration de contenu comptent
Postulat à garder en mémoire afin de ne pas perdre de vue nos objectifs d’entreprise : la communication, indispensable pour se faire connaître et véhiculer ses valeurs, revêt une dimension stratégique. Elle n’est pas là pour produire du contenu à tout-va mais pour publier dans la régularité, sur la durée, en respectant une charte éditoriale établie.
IA et fiabilité des sources
En tant que formatrice, dans le cadre de la veille informationnelle, j’enseigne à mes étudiants la nécessité de vérifier la fiabilité et la pertinence de leurs sources. ChatGPT ne permettant pas de valider les sources, comment garantir la véracité des informations produites ? C’est pourtant l’un des pré-requis de la communication responsable.
Délivrer un message unique et compréhensible
Dans le cadre de la communication responsable, le message délivré doit être clair, unique et original. Il est honnête et sincère. Or, ChatGPT agglomère des informations puisées sur le net. Il s’agit de données qui existent déjà. Difficile dans ce contexte de proposer un contenu unique et différenciant.
Quand on parle de message clair, audible, le style est important. A ce sujet, l’article de Victor Vasseur publié sur le site de France Inter le 11 décembre 2023 est édifiant, en plus d’être intéressant et complet. L’article présente des sites et magazines lancés avec des textes et photos générés par l’IA. Il souligne les points forts et les points faibles, encore nombreux.
Le texte est cru et superficiel, c’est inintéressant. On ne rentre pas dans le cœur du sujet. C’est malaisant.
Les formulations sont parfois un peu pompeuses, et les tournures un peu lourdes. C’est la marque de ChatGPT, mais le résultat est surprenant.
Tout n’est donc pas à jeter mais la marge de progression est considérable ! ChatGPT doit notamment travailler la légèreté de son style.
Créer un contenu rédactionnel commence par la structuration des idées. Vient ensuite la rédaction en elle-même (seulement 25% du travail en moyenne) puis l’édition, c’est-à-dire la révision du texte. L’ensemble de ce travail en 3 étapes est exigeant et chronophage mais lui seul garantit l’authenticité de la production.
IA et communication responsable : quid de l’impact environnemental
On le sait, l’empreinte carbone du numérique est considérable. Elle est en train d’exploser à cause de l’intelligence artificielle. Quelques chiffres et estimations, issus d’un article de futura-sciences.com, pour illustrer cette affirmation :
- L’empreinte carbone va tripler d’ici 2050.
- L’entraînement de l’IA pour GPT-3 a engendré l’émission de 552 tonnes de CO2, soit plus 205 vols aller-retour entre Paris et New York.
- L’empreinte carbone journalière de l’exécution de ChatGPT est de 23,04 kilos de CO2, soit l’équivalent de 12 années de consommation de chauffage électrique d’une maison de 110 m² en France, selon les données de l’Ademe…
… sans compter les émissions carbone pour les fonctions d’apprentissage automatique ou la consommation d’eau nécessaire.
A ce propos, un nouveau rapport indique que, afin de concevoir et entraîner ChatGPT-3, 700 000 litres d’eau ont été nécessaires pour refroidir le data center, soit autant que pour refroidir un réacteur nucléaire.
Et chaque nouvelle requête requiert quantité d’eau pour maintenir les centres de données à une température acceptable.
Voilà des chiffres impressionnants qui donnent le tournis à l’heure où 6 des 9 limites planétaires sont atteintes.
IA, ChatGPT et autres agents conversationnels constituent une source inépuisable de réflexions. Pour, contre, tout n’est pas si manichéen et le débat est ouvert ! Dans la mesure où ils évoluent à la vitesse de l’éclair et où ils vont imprégner toujours plus nos vies, il est essentiel de se tenir au courant en croisant ses sources… avec ou sans l’aide de ChatGPT ??